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DOSSIER

Dossier manga - City Hunter

Présentation
  
  

Résumé


Ryô Saeba est un célèbre nettoyeur de Shinjuku, qu’on nomme City Hunter, « celui qui chasse les vermines hors de la ville ». Il est même réputé le meilleur du milieu. Tout les yakuzas, tous les délinquants en bande organisée le connaissent et le craignent. Son symbole ? Les trois lettres XYZ. Si un jour, vous avez besoin de l’aide de City Hunter, pour vous protéger et pour mettre hors d’état de nuire vos poursuivants, vous devez inscrire ces lettres sur le tableau noir de la gare de Shinjuku. Dès lors, vous devrez rencontrer City Hunter pour voir si vous entrez dans ces critères de client acceptable. Mais en fait… mieux vaut que vous soyez une jolie fille, c’est son seul critère !
S’il accepte, n’ayez pas peur qu’il vous drague, il ne vit que pour cela. Il en est même très lourd. Mais vous ne risquez pas grand-chose : sa fidèle partenaire, Kaori Makimura, est là pour maitriser sa libido en le cognant avec une masse géante dès lors qu’il essaie de sauter sur une cliente.
Si vous arrivez à supporter tout cela, vous ne pouvez pas être dans de meilleures mains : Ryô Saeba est le meilleur guerrier qu’il existe sur Terre, au niveau du mental, de la tactique, et surtout, des réflexes. Il ne manque jamais une cible et parvient toujours à savoir si quelqu’un le suit. Et malgré son caractère de satyre, il est mu par un profond sentiment de justice, qui fait qu’il ne laissera jamais une personne innocente en détresse. Surtout si c’est une jolie fille.
   
   
   

Fiche signalétique

 
City Hunter (シティーハンター) est un shônen manga paru à l’origine dans le magazine Weekly Shônen Jump entre 1985 et 1992. Shueisha, l’éditeur de la série à l’époque, a publié l’intégralité de la série en 35 volumes. Elle a été rééditée en 1996 dans un format bunko en 18 tomes. C’est en 2003 que le manga est publié en format kanzenban (deluxe) en 32 volumes chez Tokuma Shoten. Ce changement d’éditeur est dû au fait qu’Hojo fait partie de ces auteurs qui ont racheté les droits de leurs séries, à l’instar de Takehiko Inoue, son ancien assistant.

En France, c’est J’ai Lu qui se charge en premier de la publication de la série, dès 1995, ce qui en fait l’un des premiers mangas à succès publiés dans l’hexagone. C’est l’immense succès de la série animée, connue chez nous sous le titre Nicky Larson, qui a permis sa publication en France. Suite à l’arrêt de la branche manga de J’ai Lu, c’est Panini qui récupère par la suite les droits du manga et démarre directement la publication en édition Deluxe en 2005 pour la terminer cinq ans plus tard. Panini a également édité les artbooks XYZ qui s’intègrent dans le format de l’édition deluxe.
   
   
   

Auteur


Tsukasa Hojo est né le 5 mars 1959. En trente ans de carrière, il a dessiné nombre de séries mémorables : Cat’s Eye (1981) et City Hunter (1985) donc, qui ont été un véritable carton en France, mais aussi Family Compo (1996), série qui joue sur l’identité sexuelle de ses protagonistes. Sa dernière grande saga est Angel Heart, sorte de suite alternative à City Hunter, pour laquelle il œuvre depuis 2001. La deuxième saison de cette série est en publication depuis 2012.
Ses récits courts, pour la plupart réalisés dans les années 1990, ont également été remarqués. Après avoir été édités par Tonkam il y a plus de dix ans, c’est Ki-oon qui en réédite la majeure partie à partir de 2013 dans la collection Les Trésors de Tsukasa Hojo.

La rédaction de Manga-News est déjà revenue sur la riche carrière de Tsukasa Hojo dans le dossier Cat’s Eye. Afin d’éviter un discours doublon, nous vous invitons à lire la partie qui lui est consacrée pour de plus amples informations ICI.
      
  
  

Personnages

  
Ryô Saeba



Ryô Saeba est le nettoyeur City Hunter. Après plusieurs années passées à faire le ménage aux États-Unis avec son fidèle revolver Python, il prend des contrats à Shinjuku, au Japon, son pays natal. Dans la vie de tous les jours, c’est quelqu’un de haut en couleur, qu’on ne peut pas louper s’il passe près de nous : il n’arrête pas de draguer les belles femmes, au point de se prendre cinquante râteaux par jour. Son premier partenaire dans le métier, au Japon, était Hideyuki Makimura. À son décès, il lui a promis de prendre soin de sa petite sœur, Kaori, qui devient dès lors sa nouvelle partenaire. Entre eux deux, c’est une scène de ménage continuelle : même s’ils ne veulent pas l’avouer, ils ressemblent à un vieux couple dont le mari est volage et l’épouse, pragmatique.


Kaori Makimura



Partenaire de Ryô tout le long du manga, elle était la petite sœur de Makimura, le premier collaborateur de Ryô. Elle est en quelque sorte la stabilisatrice de la libido de notre héros, puisqu’elle le recentre sur sa mission en l’empêchant de draguer à tout-va avec un bon coup de massue sur la tête. Car oui, Kaori sort toujours de nulle part d’énormes masses pour frapper Ryô quand il est incorrigible. Ryô se moque beaucoup d’elle en la comparant à un travelo ou un petit garçon. Mais il n’est pas le seul : on la prend souvent pour un homme dans la vie de tous les jours, à tel point qu’il lui arrive d’avoir des avances de femmes.


Umibozu



Grand rival de Ryô, il est également nettoyeur, spécialiste en pièges et usant régulièrement de bazookas pour faire exploser les repaires ennemis. D’une apparence bourrue, c’est quelqu’un de plus attentionné qu’il en a l’air, notamment envers Kaori qu’il considère comme une vraie amie, et surtout Miki, avec qui il tient le Café Cat’s Eye.


Saeko Nogami



Policière de renom, elle fait souvent appel au savoir-faire de Ryô dans les cas les plus délicats, même si ce n’est pas très légal. Très belle, elle sait jouer de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut, notamment promettre « des coups » à Ryô pour le convaincre d’accepter les missions. Elle se débrouille également bien quand il s’agit d’agir, puisqu’elle est experte en lancer de couteaux.


Miki Ito



Malgré son jeune âge, c’est une vieille connaissance d’Umibozu. Elle a combattu à ses côtés sur des champs de bataille et est tombée éperdument amoureuse de lui. Lorsqu’elle revient le retrouver à Shinjuku, elle le demande en mariage. Umibozu la met alors au défi de toucher ne serait-ce qu’une fois Ryô. Par la suite elle continuera à tenir le café Cat’s Eye avec Umibozu et sera un soutien précieux pour Ryô et Kaori.


XYZ : bienvenue à Shinjuku


Get in wild in Tôkyô in the eighties

  
Si vous souhaitez commencer la lecture de City Hunter, vous vous apprêtez à entrer de plain-pied dans une ambiance toute particulière, celle de la vie urbaine de Shinjuku dans les années 1980 et 1990, le Grand Tôkyô, de jour, comme de nuit.
 
Dans City Hunter, on suit Ryô un peu partout dans ce quartier, des lieux les plus simples aux endroits de débauche les plus bizarres. Ryô se trouve ainsi régulièrement sur les grandes places de Shinjuku et dans les parcs, au grand air, pour draguer les passantes, avec une lourdeur légendaire. Il arrive également aux héros du manga de se trouver à l’hôpital, dans le cadre d’une mission ou pour eux-mêmes, lorsqu’ils se sont blessés de la manière la plus pitoyable qui soit. Le café Cat’s Eye, en même temps qu’un clin d’œil à la précédente série à succès de l’auteur, est également un lieu où Ryô et Umibozu se rencontrent pour se disputer, créant ainsi des scènes comiques à l’humour classique mais efficace. Dans le même registre comique, on peut suivre Ryô la nuit, qui passe son temps à boire dans les bars ou les boites de nuit, toujours à faire le joli cœur. Dans un autre genre, il arrive aux personnages principaux de se rendre dans des endroits très glauques dans le cadre de leurs missions : le port et les bâtiments désaffectés. Certains personnages secondaires sont typiques de cette époque : Hojo, ami de toujours de Tetsuo Hara, la créateur de Hokuto no Ken, met en scène des voyous, taillés comme des armoires à glace, au crâne rasé et habillés en cuir. C’est un hommage aux punks de Hokuto no Ken.
 
Si l’on énumère tous ces repères, c’est pour mettre en avant un chose : Tsukasa Hojo ne maitrise que cet univers dans City Hunter, c’est-à-dire, finalement, un petit univers, dont les intrigues qui s’y déroulent sont sujettes à répétition, mais il le maitrise parfaitement et offre une vision plutôt enjouée de la vie urbaine d’il y a trente ans, ce qui plait à bon nombre de lecteurs, amateurs de cette ambiance urbaine moderne.
  
  
   
   
   

Picture Show

 
Derrière le ton léger des scènes de ménage entre Ryô et Kaori, Hojo puise son inspiration dans le cinéma policier américain, ou hongkongais, pour les scènes d’action et les scènes dramatiques.
 
Ce constat se fait d’une part sur les éléments physiques de l’intrigue. Par exemple, la première chose qui frappe, c’est que Ryô possède une réserve d’arme inconcevable pour un civil au Japon. Et cela se ressent dans les séquences d’action, d’autant plus quand son ami Umibozu l’accompagne et use de son bazooka. Ensuite, on oublierait parfois qu’on est au Japon, tant on croise peu d’éléments typiques du pays du soleil levant. Pas de kimono, pas de tatamis, pas de portes coulissantes à la japonaise. Si, à la limite, il y a bien les love hotels dans lesquels Ryô essaie de traîner toutes les filles qu’il croise. Par contre, des gratte-ciels à la new-yorkaise et des manoirs à l’occidentale, l’auteur nous en fait visiter énormément.
 
D’autre part, Hojo est réputé comme étant un grand dessinateur. Les amateurs de son travail adorent les traits fins qu’il donne à ses personnages féminins. Mais c’est aussi un as de la mise en scène spectaculaire. Il dessine avec aisance et romantisme des scènes d’action à l’américaine, qui incluent des explosions, des sauvetages, des tensions de dernière minute, en utilisant pour cela des spécificités narratives bien nippones : les cases en biais et les traits de mouvement. Hojo a parfaitement fait la synthèse de ces inspirations pour offrir une mise en scène époustouflante dans les scènes de tension, et bien que pas encore au sommet de son art, il nous offre une série remarquablement dessinée dans son trait, mais surtout dans sa mise en scène. Sans aller jusqu’à parler de qualité cinématographique, on sent clairement l’influence du cinéma et des séries américaines policières dans City Hunter. Voire même des soap opera pour les quelques moments sur les relations amoureuses que nous offre la série.

Force des personnages

 
 

Ryô et Kaori, des héros facilement sympathiques

 
Quand on demande à un fan de la première heure de City Hunter de nous donner la première image qui lui vient à l’esprit pour qualifier le manga, il y a des chances qu’il réponde par Kaori donnant un coup de massue à Ryô. Ce gimmick est très représentatif de la série, et montre à quel point la dimension comique donnée aux personnages en est le principal atout, de qualité suffisante pour que l’on parle encore de cette série dont le trentième anniversaire approche bientôt.
 
Pourtant, des coups de massue, Ryô en reçoit tellement durant la série qu’on peut parler de répétitivité excessive. Mais au bout d’un moment, le lecteur voit l’angle différemment. Hojo a tellement su rendre Ryô et Kaori sympathique, en distillant par ailleurs des éléments sur leur relation, qu’on finit par associer une image positive à la vue de ce gag aperçu des centaines de fois pendant la trentaine de tomes qui compose la série. Kaori et Ryô sont des personnages proches du lecteur, avec des scènes de ménage, de la mauvaise foi, et des coups bas qui nous amusent. Finalement, comme des membres de notre famille, on finit par s’habituer à leur présence, et surtout, la lourdeur de leur humour, pour les aimer.
 
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, bien évidemment. Umibozu, bien connu sous le nom francophone de Mammouth dans le dessin animé, est un personnage marquant. Sous son air sévère et sa mésentente avec Ryô, se cache un gros nounours qui n’hésite pas à se mettre en quatre pour ses amis à grand renfort d’explosifs en tous genres. De même, Saeko est également un protagoniste marquant, mémorable pour sa façon de faire tourner en bourrique Ryô. Ces deux personnages ont une caractéristique en commun : ils connaissant Ryô depuis fort longtemps, et c’est finalement eux qui apportent des informations sur son passé. Certains autres personnages féminins, parfois clientes de plusieurs arcs au cours de la série, finissent également par rester et faire partie de la bande. Miki tout d’abord, qui tient le café Cat’s Eye, mais aussi Reika, la sœur détective privé de Saeko.
 
L’atout de ce casting, c’est qu’il est composé en petit comité. Ainsi, ils sont pour la plupart tous très visibles et renforcent cette sensation de proximité avec lecteur, car ce dernier sera d’autant plus familier avec ces personnages s’ils les voient souvent. City Hunter est l’un des rares mangas à avoir su doser avec intelligence l’utilité des personnages en distinguant nettement les personnages principaux, qu’on est amené à revoir régulièrement, en petit nombre, et les personnages secondaires, c’est-à-dire les clients de Ryô et Kaori, qui ont souvent un caractère marqué mais qui, bien qu’apparus brièvement pour un arc, ne sont pas sous-exploités par rapport à leur visibilité.
 
 
   
  
  

Les clientes : des personnages qui imposent le rythme

 
Dédions un passage à cette catégorie particulière de personnages secondaires. Les clientes de City Hunter permettent à Hojo de jouer sur une palette de genres fictionnels : l’humour en premier, quand Ryô les drague et souhaite leur rendre une visite nocturne. Parfois, même les jolies clientes font preuve d’humour avec un caractère imprévisible et truculent, là où d’autres se montrent plus timides. Ensuite, le policier d’action. Comme évoqué plus haut, les clients de City Hunter sont menacés par des organisations, et Ryô doit sortir poings et muscles pour leur régler leur compte. Par moment, Hojo en profite même pour créer un début d’enquête : qui est le commanditaire ? La cliente est-elle vraiment de bonne foi ou cache-t-elle quelque chose ? Enfin, City Hunter arbore ponctuellement des aspects de comédie dramatique. Même si les décès réels sont rares, ils touchent profondément, comme celui de Hideyuki Makimura au tout début du manga. Ceci est dû au fait qu’Hojo arrive à insuffler en peu de temps un vrai charisme, une vraie chaleur au travers de ses personnages. Dans ces arcs, on peut aussi être surpris par la violence employée par hommes de main adverses, anormalement extrême et sérieuse, là où beaucoup d’arc se terminent dans la joie et la bonne humeur, y compris les mafieux qui s’en tirent avec deux ou trois pansements. Dans le même genre, il arrive que Ryô et Kaori deviennent d’un coup plus sérieux quant à leur relation, car le danger les rapproche, justement. Il ne faut donc pas croire qu’Hojo ne sait pas surprendre le lecteur parce que les missions de Ryô peuvent se ressembler et les gags, se répéter. Et tous ces moments, c’est aux personnages secondaires, aux clients de chaque arc, qu’on le doit, car ils permettent de les déclencher.

Les vilains : de l’humour des petites frappes à la terreur des vrais tueurs

 
En dehors des coups de massue et des scènes de ménage, l’humour de la série est porté dans les missions par les hommes de main de l’antagoniste de l’arc, voire par les antagonistes eux-mêmes, parfois du même niveau intellectuels. On pense souvent, à tort, que c’est le doublage français qui leur a conféré une prestance de clown, alors que le script initial du manga les montre déjà comme étant peu malins. La plupart des hommes de main du manga se ressemblent : lunettes de soleil, costume cravate, air de yakuza, faciès de cartoon quand ils se prennent des coups. Il y a d’ailleurs vraiment un esprit de cartoon à travers ces personnages, puisque les énormes explosions de dynamites, de pièges ou les effondrements d’immeubles ne les tuent pas. On éprouve rarement un profond mépris envers eux, puisqu’ils ne parviennent jamais à tuer personne et finissent par fuir la queue entre les jambes à chaque fois.
 
A contrario, plus rarement, des tueurs à gage et des antagonistes charismatiques apparaissent au détour de certains chapitres et provoquent une forme de tension. Cet effet fonctionne d’autant plus du fait de cette rareté. Il est même arrivé qu’un tueur remette en question l’invincibilité de Ryô et le force à utiliser toutes ses capacités. Mais le plus mémorable de tous restera le boss de l’Union Teope, dont l’arrivée va canaliser tous les ingrédients dramatiques de la série pour offrir un grand moment de tension. Encore une fois, c’est grâce au charisme de Ryô et l’attachement que le lecteur porte aux personnages la mayonnaise prend dans cette séquence, car les péripéties de cet arc sont assez invraisemblables. Mais l’expression de son visage, son histoire et sa manière d’être sont décrits de manière très convaincante. Pour le coup, c’est un vraiment un méchant hollywoodien, dans le bon sens du terme.

Adaptations et succès français



L’animé

 
L’animé de City Hunter, connu en France sous le nom de Nicky Larson, est une série pionnière du succès de la culture populaire japonaise dans notre pays. Aux côtés de Dragon Ball et de Saint Seiya, elle a fait les beaux jours des enfants des années 1990.

L’animé est découpé en plusieurs saisons : City Hunter 1 (51 épisodes), City Hunter 2 (63 épisodes), City Hunter 3 (13 épisodes) et City Hunter 91 (13 épisodes). C’est surtout la première saison que l’on connait bien, puisque la plus diffusée, d’abord dès 1990 dans le Club Dorothée, jusqu’à aujourd’hui encore sur les chaînes Manga et NT1. Au japon, la série a été diffusée sur la chaîne Animax.

L’adaptation a été confiée au célèbre studio Sunrise. Toutes les saisons ont été réalisées sous la coupe de Kenji Kodama (Cat’s Eye saison 2, Détective Conan, Kekkaishi).

Pour le gros de la série animée, les histoires sont issues du manga, mais réparties dans un ordre différent. Le staff a également opéré quelques modifications là où le manga est trop cru : le « mokkori » de Ryô, c’est-à-dire ses érections, sont évoquées mais pas montrées, là où Hojo dessine régulièrement  une énorme bosse dans le pantalon de Ryô  lorsqu’il voit une jolie fille. L’Angel Dust, la fameuse drogue, qui est finalement un des rares fils conducteurs de la série, est totalement absente du dessin animé. L’assassin qui abat Hideyuki Makimura au début de la série est un simple tueur à gage. Pour ce même épisode de la série, il y a eu censure par rapport à la violence : lorsque Ryô part venger Makimura, le manga montre une danseuse toxicomane nue qui se sacrifie pour le protéger alors qu’il est sur le point de se faire tirer dessus par les tueurs de Makimura ; dans l’animé, cette séquence n’existe pas.
 

  


S’il y a eu censure d’un support à l’autre du côté japonais, Nicky Larson est très connu pour sa censure du côté français, notamment le doublage complètement délirant et étrangement bien accepté par les fans là où le doublage de Ken le Survivant appelle au scandale. Les traducteurs ont opté pour une occidentalisation des noms comme il était coutume de le faire à l’époque (Ryô Saeba devient Nicky Larson, Kaori Makimura devient Laura Marconi, Umibozu devient Mammouth). Si pour ceux-là, il n’y a rien de spécial à remarquer, les hommes de main s’appellent en revanche tous Jean-Jacques, Jean-René et Jean-Robert et deviennent en Français encore plus débiles que dans la version originale grâce au ton que prennent les doubleurs. Le script est même devenu culte (« Attention, si tu ne fais pas ce que je te dis, je vais te tirer une boulette ! » ; « Il en perd sa moumoute le Mammouth ! » ; « Je vais venger Jean-Jacques, Jean-Edouard et Jean-René ! »). Outre le doublage, les Français ont écourté les épisodes de quelques minutes pour supprimer quelques scènes qu’ils trouvaient trop matures pour le public composé des jeunes enfants du club Dorothée.

Malgré cet éloignement par rapport au manga, City Hunter en version animée est une série qui a marqué toute une génération, de la qualité de sa réalisation, plutôt honorable pour l’époque, et en évitant quelques énervants poncifs, comme le rallongement interminable de l’intrigue. La plupart des arcs se déroulent d’ailleurs sur un ou deux épisodes. L’animation est, quant à elle, dans la bonne moyenne de l’époque, même si certaines séquences d’action utilisent une technique peu élaborée, à savoir montrer Ryô donner un coup de poing en plan fixe et le faire vibrer pour donner une impression de mouvement. Le trait est également de bonne qualité, tout comme les couleurs, qui savent retranscrire la bonne ambiance, tantôt humoristique, tantôt obscure. Concernant la musique, on peut dire qu’elle est d’époque : elle a vieilli. Les génériques, français ou japonais, ont leur charme et restent dans les mémoires.

En plus de la série télévisée, l’animé comporte également plusieurs films et OAV : Amour, Destin et un Magnum 357 (film, 1989) ; Bay City Wars (OAV, 1990) ; Complot pour un million de dollars (OAV, 1990) ; Services Secrets (téléfilm, 1995) ; Goodbye my Sweetheart (téléfilm, 1997),  La Mort de City Hunter (téléfilm, 1999).

Adaptations live

 
Le manga a été adapté en film live hongkongais en 1993, réalisé par Wong Jing, avec Jackie Chan dans le rôle titre. Tous les personnages principaux de City Hunter se voient incarnés au cinéma, mais le réalisateur a opté pour un film plus parodique que fidèle, en ne conservant que les aspects comiques. Ainsi, Kaori devient la nièce de Ryô, Umibozu devient américain, et Ryô procède à une parodie de Street Fighter pendant une bagarre. Un second film hongkongais a été réalisé en 1996. Intitulé Mr. Mumble, son écriture est plus proche du manga que le film de Wong Jing.

Mais l’adaptation la plus ambitieuse reste la série télévisée sud-coréenne de 2011. Avec les acteurs Lee Min Ho et Park Min Young dans les rôles titres, l’intrigue débute sur une crise politique sérieuse et complètement revisitée pour se greffer sur le contexte géopolitique de la Corée. Elle totalise vingt épisodes de soixante minutes et été diffusée à l’origine sur la chaîne SBS du 25 mai au 28 juillet. En France, nous avons eu la chance d’avoir droit à une diffusion du drama sur Gong TV.

  
  
   
   

En France : une sorte d’institution

 
Tous les dérivés de City Hunter, que ce soient les films, téléfilms, OAV, films live ou séries live, sont sortis en France. La licence s’est rapidement imposée comme un énorme succès qui fonctionne encore de nos jours. Même si Hojo était déjà connu comme étant le créateur original de Cat’s Eye, qui est également un grand succès de cette époque, c’est l’animé de City Hunter qui va en faire un auteur emblématique, et qui va permettre aux premiers éditeurs de mangas de publier ses séries dans les années 1990.
Il faut dire que la série continue de passer sur des chaînes ou des émissions jeunesse. Le flambeau des parents, enfants ou adultes au début des années 1990, est transmis à travers l’animé, dont l’édulcoration permet de le rendre parfaitement accessibles aux jeunes. Il y a 23 ans au Club Dorothée, il y a 10 ans sur MCM ou aujourd’hui sur Manga, les jeunes, qu’ils soient mordus de manga ou non, peuvent facilement tomber sur la série, et nombreux sont ceux à accrocher grâce à l’humour simple mais efficace et les séquences d’action qui maintiennent le spectateur en haleine. Tsukasa Hojo a parfaitement su comprendre quelle était l’essence d’une série de divertissement.

Édition Française


J’ai Lu Manga publie le premier tome de la série en France le 6 avril 1996, accompagné du sous-titre Nicky Larson. A l’époque, les droits de la série n’appartenaient déjà plus à Shueisha. L’éditeur français a donc dû modifier le format des chapitres pour obtenir une numérotation différente de la version Jump du manga. Au lieu de 35 volumes, les francophones ont droit à l’intégralité du manga en 36 tomes, le dernier paraissant le 25 octobre 2000. Comme pour ses autres séries, J’ai Lu n’a pas réalisé un travail formidable sur City Hunter : les lecteurs ont regretté le papier jaunâtre et fin, comparable à du papier journal.
Suite à l’arrêt de la branche manga chez J’ai lu, Panini s’empresse de racheter les droits de City Hunter dès 2005 et le publie dans son format kanzenban. Même si Panini n’a pas non plus une réputation formidable auprès des consommateurs dans le milieu éditorial, l’édition deluxe du manga est tout à fait satisfaisante par rapport au prix. Pour 10€, le grand format permet d’apprécier la beauté des dessins de Hojo, et la traduction de Xavière Daumarie donne une bonne répartie aux dialogues des personnages. En revanche, le papier est correct mais certainement pas assez épais et blanc pour répondre aux critères d’une édition deluxe. Et l’autre regret reste la non traduction de la plupart des onomatopées, ce qui nuit parfois à la compréhension des gags.
 

Conclusion

 
 
City Hunter est une série pionnière en France. Malgré la répétitivité de ses gags et la ressemblance de certaines missions qui composent l’intrigue, elle dispose de suffisamment de qualités intrinsèques pour faire partie de ces œuvres « grand public », qui vieillissent moins vite que d’autres, et continuent à toucher de nouveaux lecteurs des nouvelles générations. En vingt cinq ans de présence sur nos télévisions et dans nos librairies, City Hunter aura touché autant d’hommes que de femmes, de jeunes que de vieux. Tout le monde est susceptible d’y trouver son compte.

Tsukasa Hojo a d’ailleurs compris dès 2000, 10 ans après la fin du manga au Japon, à quel point le public était attaché à Ryô Saeba, alias City Hunter, Kaori sa partenaire et Umibozu son rival le plus loyal. Il créé la série Angel Heart pour faire évoluer ses personnages dans un univers modernisé et dans un contexte nouveau, sans se soucier du passé, juste histoire de les retrouver. Cette nouvelle série est couronnée de succès puisque certains tomes figurent dans le top des ventes et l’aventure dure encore avec la saison deux, fraichement arrivée en France. 

Hojo a une sorte de talent naturel pour captiver le lectorat. Son trait gracieux et le charme qu’il insuffle à ses personnages font que beaucoup de scénarios qui tombent entre ces mains deviennent de l’or, même si tout n’est pas parfait. City Hunter étant son œuvre la plus longue et la plus emblématique, elle demeure une série culte, fédératrice. Pour preuve, sa venue à Japan Expo 2010 a été très remarquée.
    
      
 
    

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